L'AUTOPARTAGE suite aux deuxièmes rencontres nationales de l'autopartage


(Marseille, les 10 et 11 octobre 2012, Autopartage Marseille, France Autopartage)
(article de Olivier Billion, Janv. 2013 - 06 89 33 89 74 – olivier.billion@gmail.com )

Deux jours de conférence-débats ont réuni une centaine de participants (collectivités publiques,
organismes d'autopartage, associations, entreprises, consultants, usagers), pour faire le point sur les systèmes d'autopartage en France et dans le monde, et imaginer leur avenir. Ci-après un bref résumé et quelques observations personnelles :

-1- Qu'est-ce que l'autopartage ?


L'autopartage (Carsharing) est un système, dérivé de la location de voitures et optimisé par un opérateur pour mettre à la disposition de clients un véhicule automobile, pour ses besoins occasionnels en déplacements de courte durée (heure ou journée) ou de faible distance (5 à 50 km en général).
Sous réserve d'un abonnement préalable, les clients peuvent, avec ou sans réservation, prendre et restituer très simplement le véhicule dont ils ont besoin (location « sans guichet » par carte ou boite à clés).
La mutualisation des véhicules permet en principe des tarifs attractifs.
Les utilisateurs sont facturés mensuellement, au temps d'utilisation et aux km parcourus, sur la
base d'un tarif qui inclue tous les frais (investissement, entretien, carburant ou électricité, assurance, taxes, frais de gestion, souvent frais de parking...).
Il importe que des véhicules ou des stations de véhicules soient présents aux points de passage principaux (gares, centres administratifs ou commerciaux, zones résidentielles ou industrielles, en nombre suffisant et à petite distance pédestre des utilisateurs.
L'expérience a prouvé qu'un véhicule d'autopartage peut servir à une huitaine d'utilisateurs
différents abonnés au service, qui l'empruntent tour à tour pour leurs seuls besoins impératifs. 6 à 7 véhicules peuvent donc (en théorie) disparaître définitivement de la ville.

-2- Quels opérateurs principaux ?


Divers types d'autopartage coexistent : des opérateurs publics ou privés, des systèmes avec ou sans station obligatoire de prise/repose, des véhicules standardisés ou plus diversifiés, thermiques ou électriques, un système entre particuliers pour les zones péri-urbaines ou rurales,...,. France Autopartage regroupe 15 opérateurs locaux, dont Autolib Lyon, qui mettent à disposition de 12 000 adhérents dans une cinquantaine de villes françaises 550 voitures réparties sur 280 stations d'accueil.
Autres entreprises commerciales : Caisse-Commune, Carbox, Connect-Hertz, Mobizen, Okigo...
Sans restitution obligatoire du véhicule au point de départ : Autolib/Bolloré, Car2GO,...
Centrales internet de réservation entre particuliers : Cityzencar, Buzzcar, VoitureLib,...

N.B. : Autolib Lyon, service de LPA (Lyon Parc Auto) gère désormais à la satisfaction de ses clients, presque 100 voitures de catégories C1 à C4, dans 35 stations de Lyon et Villeurbanne. De nouvelles stations de surface dans les quartiers permettent à davantage de lyonnais de bénéficier du système.

-3- Quelle utilité pour les usagers ?


Tous les participants ont convenu que l'autopartage, encore peu utilisé dans notre pays, est une alternative crédible à la propriété d'une voiture personnelle. Il permet à ses utilisateurs de disposer lorsque nécessaire et en payant, d'un véhicule approprié aux besoins du moment. La plupart des adhérents abandonnent rapidement leur unique ou leur deuxième voiture, et prennent l'habitude d'utiliser aussi les autres modes de transport, pouvant ainsi réduire leur budget transport par rapport à la propriété d'un véhicule personnel (investissement, assurance, garage, entretien...).

-4- Quelle utilité pour les collectivités locales ?


En complément des transports collectifs, l’autopartage contribue efficacement à la multimodalité
d'une agglomération :
- il permet aux citoyens les déplacements qu'il serait trop coûteux pour la collectivité d'organiser en T.C.
- il élimine de la ville de nombreuses voitures individuelles, et libère ainsi un espace de voirie important.
Son impact socio-économique et écologique est important : amélioration des déplacements et coûts réduit pour la collectivité comme pour les habitants ; réduction des consommations et pollutions (CO2).
Le réflexe « tout bagnole » régresse.

-5- Quels objectifs pour la France et pour Lyon ?


En Suisse (8 millions d'habitant) , la coopérative Mobility opère 1 300 stations et 2600 véhicules, au profit de près de 102 000 adhérents.
65% de la population du pays a Mobility à sa disposition, dans des stations urbaines, à toutes les gares, et dans toutes les communes de plus de 10 000 habitants (grâce à une garantie communale de chiffre d'affaires). Mobility est rentable année après année au profit de la mobilité des entreprises et des particuliers, les grosses stations subventionnant les plus petites.
Le système est donc très développé en Suisse, avec le taux record de 1 utilisateur d'autopartage pour 77 habitants, ce qui permet une diminution de l'encombrement dans les villes (les T.C. sont efficaces et
le stationnement de tous sur la voirie est fortement limité).
L'Italie offre localement un service que le gouvernement cherche à développer : en 2012, 19 000 utilisateurs dans une douzaine de villes desservies par 12 opérateurs sous la même marque, Italia Car Sharing.
Des places de stationnement réservées en surface, des parkings souterrains gratuits, l’utilisation des voies des bus, l'accès aux centre-ville interdits, l'autorisation de circuler les jours de limitation de trafic, toutes ces mesures ont aidé l'année dernière à une augmentation de 25 % du nombre d'abonnés.
Le groupe Bolloré a mis en place à Paris et dans 46 communes voisines, sous le nom de Autolib,
1 800 voitures électriques Bluecar avec les bornes de recharge et l'environnement informatique sophistiqué nécessaire aux véhicules et au réseau. En 10 mois, 38 000 clients ont adhéré au système, et 580 000 locations de véhicules ont été effectués à partir de l'une des 680 stations de l'agglomération. La restitution du véhicule est possible dans toute station du réseau. Sont clients, des collaborateurs d'entreprises ou des particuliers. L'expérience nous a été présentée comme très prometteuse, et rentabilisable assez rapidement.
---> Au taux de la Suisse (peut-être bientôt celui de Autolib Paris?), le Grand Lyon pourrait compter
1 400 000 / 77 = 18 000 adhérents à l'autopartage, évitant la présence de 18 000 x 6 = 108 000 voitures, et
10 % ou plus des stationnements de surface. (cette règle de trois approximative n'ayant pour objet que d'ouvrir le débat !)

-6- Comment booster (si on le souhaite) le développement de l'autopartage ?


- un ou plusieurs fournisseurs d'autopartage compétents, liés étroitement à des réseaux nationaux
(accès aux trains, notoriété...)
- une offre suffisante en véhicules diversifiés et en stations ou points d'accès
(véhicules situés à moins de 10 min à pied...)
- des véhicules attractifs et bien équipés pour vaincre le fort attachement au véhicule personnel
- des tarifs attractifs, permis par une bonne gestion et un volume suffisant de flotte véhicules et de clients
- la réduction des stationnement en surface des voitures personnelles, pour créer une envie d'autopartage
- un accès gratuit ou préférentiel aux parkings, stationnements, zones et jours interdits, etc...
- une utilisation mixte par les professionnels et les particuliers
(pour permettre une utilisation des véhicules semaine + WE)
- l'intégration réussie dans le plan local de multimodalité de l'agglomération
(abonnement ou billet unique pour les T.C., vélos, train, parkings, etc...)
- un développement suffisant du système, pour atteindre une véritable utilité et la rentabilité
- une publicité efficace du concept, nouveau encore, pour le démocratiser auprès de toutes les couches
de la population
- l'utilisation du Label Autopartage créé suite aux Grenelle de l'environnement, afin d'intéresser et sécuriser
les utilisateurs
- la transformation des AOT en AOM (autorités organisatrices de la mobilité, responsables de l’ensemble des transports et stationnements)

N.B.1 - Comme les véhicules d'autopartage, mais conduits par des professionnels, les taxis et voitures de petite remise, permettent à la population d'effectuer ses déplacements difficiles (trajets aléatoires ou excentrés, chargements...). Ils font donc partie aussi de l'offre multimodale globale. A Singapour, (superficie du Grand Lyon et 4 fois sa population), ils font partie des transports publics de la ville (part modale de 46%). Leurs voyages représentent presque 20% du nombre de ceux effectués en métro ou en bus.
(source Club mobilité du Certu N° 16).

N.B.2 - Ne pas confondre l'autopartage avec le co-voiturage, mode d'organisation qui permet à un conducteur non professionnel d'accueillir dans son véhicule pour un déplacement, un ou plusieurs passagers qui contribuent à ses frais.

Conférence et Débat sur le thème de l’AUTOPARTAGE : LA VOITURE DE DEMAIN

autopartage.jpg

Invité M. François GINDRE, directeur Lyon Parc Auto

Introduction à l'autopartage

[Larousse 2011] : "autopartage n.m. Système de location de voitures en milieu urbain, qui permet d'utiliser les véhicules en libre-service et de façon ponctuelle."

L’AUTOPARTAGE commence à se développer progressivement dans plusieurs villes françaises et à l’étranger. Très adaptée en ville, la voiture en libre service permet de se déplacer facilement. Elle est économique (plus besoin de payer assurance, parking, entretien ..).

intro.jpg Elle est écologique car combinée aux transports en commun, au vélo et à la marche, on a plus besoin de posséder un véhicule personnel.
L’AUTOPARTAGE répond également aux problématiques de développement durable (moins de véhicules personnels et donc moins de nuisances sonores et visuelles).

L'exemple d'AUTOLIB'


logoautolib.png, exploité par Lyon Parc Auto, est un des systèmes d’autopartage à Lyon. Il y a 36 stations Autolib’ à Lyon et à Villeurbanne dont 21 dans des parcs auto et 14 dans la rue.

carteautolib.JPG

Autolib’ propose des trajets en boucle (de station à station). Il est adapté pour des trajets assez courts en distance et temps (pour les longs trajets est plus rentable de louer une voiture). Il correspond aux personnes qui ne possèdent pas de véhicule personnel et habitent dans le centre-ville. Ces voitures sont utilisées également pour des déplacements professionnels occasionnels.
voiture.jpg
Plusieurs avantages
- un véhicule assuré,
- la facilité de pouvoir réserver son trajet,
- différents modèles (citadine, utilitaire, familiale) pour différents besoins ,
- une place de parking garantie au retour,
- des frais en moins (certaines simulations exposent une économie d’environ 1000 euros par an)
- des voitures équipés (siège enfant, pneu neige etc.)

Inconvénient
- Pour pouvoir bénéficier d’Autolib’, il faut payer un abonnement mensuel de 12,60 € même si on n’utilise pas la voiture tous les mois. En revanche, on paye seulement ce que nous avons consommé en fonction du nombre d’heures et du nombre de km (à partir de 2, 10 €/ h et de 0,36 €/km).

L’abonnement Autolib’ nous permet d’utiliser des voitures du réseau France autopartage dans d’autres villes comme Avignon, Besançon, Bordeaux, Grenoble, Lille, Marseille, Montpellier, Nîmes, Poitiers, Strasbourg, Rennes, Toulouse etc. et de bénéficier d’avantages pour louer des véhicules « longues distances » ainsi que les Vélo’v.

Difficultés
- Un système encore très récent : difficile à changer les habitudes des utilisateurs (chaque personne désire avoir une voiture personnelle)
- des stations dans la rue peu visibles à cause de la réglementation.

Pour plus de renseignements : Site internet AUTOLIB'

Autres exemples d’autopartage


Depuis le 1e janvier 2012, DAIMLER et EUROPCAR ont lancé à Lyon, après plusieurs autres villes du monde, l’auto-partage CAR2GO qui met à disposition sur abonnement 300 SMART micro hybrides. geolocalisation.jpgCes véhicules sont équipés d’un système de géolocalisation qui permet à l’utilisateur de repérer la voiture disponible la plus proche. CAR2GO paye à l’année à la ville le stationnement de tous ses véhicules, ce qui lui permet de stationner n’importe où.

D’autres villes expérimentent aussi des systèmes innovants d’autopartage, notamment le electrique.jpgsystème d’autopartage électrique AUTOLOB de Paris, sur la base des véhicules électriques BLUECAR de BOLLORE et des bornes de recharge municipales installées dans différents quartiers.

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